dimanche 30 mars 2014

#198 - Les Charitables (1)

         
Septembre 1981, Béthune.
J'avais, je ne sais plus trop par quel hasard, entendu parler d'une confrérie, à Béthune, portant le nom de Charitables.
Après m'être renseigné par téléphone, j'appris qu'une procession avait lieu chaque année en septembre. Le mieux était de m'y rendre pour voir de près et tenter de comprendre ce qui apparaît aujourd'hui comme un anachronisme tant les temps ont changé. J'ai rencontré des hommes bienveillants, d'une grande générosité, d'une grande bonté et en même temps très chaleureux et communicatifs de cette chaleur.
Aujourd'hui je vois - cette photographie a trente trois ans - que cette confrérie perdure et je trouve cela rassurant.
        
         

vendredi 28 mars 2014

Petit paysage en noir et blanc (41) - Land art

            

Vendredi 7 février 2014, Viladamat.
Au milieu de presque nulle part - le village se trouve à plusieurs centaines de mètres de l'endroit - de la route qui mène de Figueras à L'Escala on croise en le surplombant un chemin goudronné qui conduit à Viladamat. De cette route donc, chaque fois je voyais cet assemblage intrigant, lettrage métallique brillant sur fût de béton, chapiteau avec statuette et puis, de l'autre côté du chemin, un arbre pour bien marquer le virage. J'ai fini par prévoir l'arrêt, ce qui est largement nécessaire vu la complexité de l'embranchement, pour mon retour de L'Escala, avec la ferme intention de réussir la manœuvre. Et voilà ! Il s'est alors mis à pleuvoir brutalement et ce qui était anodin a pris une dimension supplémentaire. Mais ce qui était un mystère n'en est plus un.
  
    

mercredi 26 mars 2014

Axe nord-sud

            

Vendredi 13 décembre 2013, La Jonquera.
On pense facilement l'endroit toujours bruyant, en effervescence. Les camions qui arrivent ou qui partent, le temps d'un plein ou d'un ravitaillement alimentaire - combien de packs d'eau minérale j'ai vues transbordées des supermercats aux camions - avant de rejoindre les pays du nord ou de l'est de l'Europe. Mais il y a, comme dans d'autres endroits, les creux. Rien ne passe, plus rien ne bouge, on pourrait ranger le décor. Pourtant, il y a un homme sorti d'on ne sait d'où, les mains enfoncées dans les poches, qui taille la route, le regard fixé sur elle, pour on ne devine quelle destination. Peut-être que simplement il va plus loin, un peu plus loin qu'ici.
         

lundi 24 mars 2014

Girls in love

      

Dimanche 15 décembre 2013, Argelès s/Mer.
Il ne se passe rien. Il n'y a rien à faire sinon arpenter le rivage, sans but, sans fin. Il n'y a rien à voir, enfin presque rien. Et puis c'est dimanche alors on photographie le désert en chantonnant un déjà vieux truc comme "Girls in Love" et cela suffit à rendre tout cela sinon merveilleux, du moins supportable.
    
"Girls in love"


samedi 22 mars 2014

It's springtime, it's springtime !

           

Vendredi 7 février 2014, L'Escala.
Le bord de mer de L'Escala est désert. Bien qu'ici ce soit encore l'heure du repas, bien que la météo... Je me dis qu'à déambuler dans des rues désertes, entre des rangées de boutiques fermées, j'imagine mal l'effervescence, le bruit, les odeurs de basse nourriture qui règnent probablement ici l'été venu. Il me faudrait venir une fois à cette période-là pour mesurer l'écart entre ces deux mondes.
     

jeudi 20 mars 2014

#197 - Coup de foudre

     

Samedi 5 août 1978, Formiguères.
Il avait fallu monter bien haut, là où le vert est toujours foncé, là où les mouches et autres insectes prennent d'assaut l'humain qui s'aventure pour peu qu'il transpire. Et il transpire dans la journée, pour avoir presque froid le soir ou la nuit pendant que le torrent qui cascade sans répit, juste à côté de l'hébergement, l'endorme d'une répétition infinie.
     


mardi 18 mars 2014

Les photogrammes incertains - 25/1

      

Vendredi 19 - samedi 20 juillet 2002, Chalon-sur-Saône.
D'un plan à sa reprise en contrechamp quelques instants plus tard j'ai trouvé mon bonheur dans la persistance du rouge.

Nota : les photogrammes sont présentés dans leur chronologie
           
 

dimanche 16 mars 2014

#196 - "Marcello, come here !"

        
Vendredi 4 septembre 1987, Fontana di Trevi, Roma.
Les pièces qui scintillent dans le fond du bassin de la fontaine, le bruit de l'eau, mais surtout la vision d'Anita Ekberg appelant à elle Marcello Mastroianni... Dolce Vita.
     


vendredi 14 mars 2014

Photographie hasardeuse

    

Samedi 8 mars 2014, Saint Cyprien.
Un aller-retour sur le môle du port est prétexte, le soleil facilitant les choses, à photographier des poncifs, des lieux communs, à faire des photographies inutiles qu'un déplacement de souris rapide et décisif enverra directement dans la corbeille. Pourtant je garde celle-ci. C'est le souvenir de ce couple croisé, plus qu'un hasard de prise de vue - appareil dans le dos et déclenchement aléatoire - qui enlève la décision de conserver l'image. 
La "fashion week" est à peine terminée (?) et dans Libération je lis cet article qui révèle bien que tout se fabrique et modifie à très grande vitesse, et que donc un nouveau "concept" est apparu, ou plutôt un mot-mode, celui de "normcore".
Je fais un rapprochement, peut-être hâtif ou téméraire, toujours est-il que je le fais, entre ces deux personnages et cette création linguistique (langagière).
          

mercredi 12 mars 2014

Sachertorte

 
        
Vendredi 10 septembre 2010, Senefelderplatz, Berlin.
La première fois que j'ai goûté au sachertorte, c'était à Venise. Un voyage avec B. notre fille. Je voulais lui montrer un peu, lui faire partager beaucoup de cette ville que j'avais précédemment découverte. Elle, elle mangeait des grenades à pleines dents, en étalant largement sur le pourtour de la bouche, crachant ou même avalant les pépins. Et nous sommes entrés dans une pâtisserie, une belle pâtisserie. Hypnotisés par la vue puis le goût de ce qui s'appelait donc une sachertorte. Dès cet instant je n'ai cessé de chercher des sachertorte(s) dignes de ce nom, un peu partout. Là, au coin de la Senefelderplatz, nous nous en sommes approchés. Personne n'a donné sa part à l'autre.

(Merci à Nanni Moretti de l'avoir évoqué dans "Bianca")


lundi 10 mars 2014

#195 - Mademoiselle

     
  
Lundi 13 décembre 1982, Issy les Moulineaux.
J'ai eu des élèves. Ces années-là, ils avaient seize ou dix sept ans. Les milieux étaient souvent modestes. Leurs idées, peu indexées sur la sureté de leurs avenirs, partaient un peu dans tous les sens. Un brainstorming permanent qu'il fallait arriver à suivre. Épuisant et passionnant. Je m'aperçois aujourd'hui, qu'ils portaient en eux une forme de beauté bien particulière. Je ne dirai rien ou presque des années plus proches d'aujourd'hui. Les élèves ne l'étaient plus, leur âge et leurs parcours en avait fait des étudiants. Épuisant aussi, mais bien peu passionnant. Je ne sais pas s'ils étaient déjà, un peu comme moi, usés, par ce qu'eux ne faisaient plus, mais que moi je continuais à faire.
Je me souviens particulièrement bien de Mademoiselle N..
       
   

samedi 8 mars 2014

#194 - Le soir

       
 
Vendredi 4 septembre 1987, Montfort-le-Gesnois.
Je ne me souviens pas avoir pris cette photographie. Je sais que c'est dans le village de mes parents, que les bâtiments sont ceux de la Maison de Retraite, que c'est la première vue du film et que celui-ci a pris un peu le jour. Peut-être que je ne cherche pas plus que ça dans mes souvenirs, que je ne veux pas.
    

jeudi 6 mars 2014

Trans Europa Express

         

Jeudi 30 mai 2012, entre Perpignan et Barcelone.
Le chantier de construction du TGV pour Barcelone avait pris du retard. Beaucoup de retard. Et puis les retards français et espagnols étaient différents. Simplement, si l'on voulait ne pas trop perdre de temps en déplacement, le Talgo du matin, le "Mare Nostrum" (Montpellier-Cartagena) était le bon moyen. D'autres moyens existaient bien sûr, le bus, les trains-brouette Perpignan-Portbou puis Portbou-Barcelone - c'est encore aujourd'hui celui que je préfère, simplement pour la gare de Portbou. Le buffet de sa gare avec sa tortilla con patatas, ses platos combinado et tous ses ouvriers de la RENFE qui passent, repassent, s'arrêtent, se reposent un instant, repartent et les voyageurs qui consultent les panneaux avec le regard inquiet et puis cette attente si particulière aux terminus de lignes.
Le TGV est arrivé. On peut gagner une heure sur deux heures trente de trajet en payant vingt euros de plus dans le même temps. Barcelone est heureusement restée au même endroit.
Dans le Talgo, la voiture-bar - le trajet complet prenait la journée - était souvent déserte au départ de Perpignan. On s'y installait confortablement devant un café máquina pour assister aux passages des contrôleurs, des douaniers, de la police des frontières, dans un sens ou dans l'autre.
Aujourd'hui je n'ai pas encore utilisé le TGV pour Barcelone, le Talgo n'existe plus sur cette ligne, alors bientôt je m'arrêterai de nouveau à Portbou, avant d'aller un peu plus loin... le temps ne manque pas.

Le titre est emprunté à celui d'un morceau de Kraftwerk (1977).
      

mardi 4 mars 2014

#193 - Un ange passe

    
Vendredi 4 septembre 1987, Rome. Descendants de l'église Trinità dei Monti, les escaliers de la place d'Espagne