dimanche 24 avril 2016

Un inventaire vénitien



Vendredi 10 avril 2015, Casa di Ospitalità Caburlotto, Venise
         
Le lit est étroit, la table est petite, la décoration se limite à deux images pieuses sous cadres accrochés aux murs, la fenêtre pas très grande donne sur un petit canal en impasse. L'endroit est calme, austère, les horaires (très) stricts. Cela me convient bien. Les sœurs sont charmantes.

Inventaire de table, ce jour :
  • une bouteille 50 cl Volvic citron (du voyage, en secours),
  • une bouteille 50cl eau minérale entamée,
  • un bouteille 150 cl eau Minérale entamée,
  • un verre plastique contenant une cuillère plastique et une paille (?),
  • un yaourt aux fraises,
  • une barquette de tomates cerises allongées,
  • un petit pain rond,
  • un pilulier en cours d'utilisation, préparé pour les jours à venir,
  • des écouteurs Apple pour Ipod,
  • une pochette contenant une soufflette et un chiffon antistatique pour appareil photo,
  • un étui gris contenant un oreiller de voyage gonflable Sansonite actuellement dégonflé, 
  • une pochette S-O-S de "Desinfektion-tücher" (provenance Berlin),
  • une pochette en toile plastifiée (chargeurs, accus de rechange, cartes mémoire), et
  • un tee-shirt en coton assez épais à manches longues.
Le reste n'est pas visible...
         

jeudi 21 avril 2016

L'usure du monde



Lundi 13 avril 2015, San Michele, Venise
      
L'île-cimetière où je n'étais jamais allé.  
Dès le débarcadère du vaporetto le pied se pose sur la terre des morts. Pas moyen d'y échapper. Sensation étrange, de l'ordre du piège refermé dont on ne peut s'extraire que par un vaporetto à venir, n'importe lequel, mais qui tardera trop comme de bien entendu.
Je noircis le tableau, mais si peu.
Venir ici, à quoi bon, s'il n'y avait eu la répétition de photographies et de textes de Denis Roche ayant trait à Ezra Pound, qui y est enterré.
Je photographie au hasard, mais le hasard fait certaines choses, quelquefois. La pierre est gravée, je devrais dire l'est encore au moment de la photographie car cette empreinte semble vouée à la disparition. Un réseau de veinules, rhizome sculpté par les eaux de ruissellement. Indéchiffrable sinon qu'il nous prévient que tout cela n'est pas éternel et qu'un beau jour, zou ! toute cette histoire s'évanouira et celles qui vont avec par la même occasion.
Avec ça voilà la lumière qui baisse les bras. La fraîcheur humide de l'eau - partout, de l'eau, de l'eau, de l'eau... - il est temps de quitter les lieux. Aux lavabos des chiottes qui se trouvent à l'entrée du cimetière les ouvriers d'entretien se savonnent en chantant à tue-tête. Cela est donc permis ? Fuck la mort ? Quelques gouttes de pluie mais le vaporetto arrive et c'est forcément la bonne ligne ! 
           
  Mardi 14 avril 2015, Venise
           
Il est écrit dans le livre que je lis aujourd'hui :
"Souviens-toi du pont Trevisan, près du Consulat de France, avec la maison du coin, terrasse glycines et Vierge abritée à l'Enfant, et de la ruelle Trevisan, si étroite qu'on ne peut y marcher que l'un derrière l'autre avec, au bout, la trouée de lumière éblouie sur l'eau et le laurier blanc. Souviens-toi de tout et de rien, on ne saisit rien, passage."
(P. Sollers, La Fête à Venise)
Je ne sais pas si j'aime trop Venise, mais ces mots-là m'empêchent de ne pas l'aimer.
          

dimanche 17 avril 2016

Le grand bleu de la côte sud



Jeudi 27 septembre 2012, L'Escala
          
La promenade du bord de mer Passeig Lluís Albert n'est plus peuplée que des personnages musiciens du monument en bronze de la Cobla
Des sirènes qu'on imagine nordiques ne jouent plus à faire l'otarie dans les bassins où l'eau reste calme et profondément bleue. Pour cela il faudra attendre l'été prochain.
Alors, pourquoi cette couleur qui s'étale sans raison dans tout l'espace? La couleur d'un ordre établi? 
Il nous faudrait un peu de gris, de celui des jours désagréables quand le ciel et la mer se conjuguent en automne ou en hiver. Les teintes obtenues, variables, signifieraient que les jours ne sont pas impunément semblables. Et puis la clarté revenue, le bleu réapparu, on pourrait alors penser qu'on l'a échappé belle !
         

samedi 16 avril 2016

Petit paysage en noir et blanc (68) / Les hautes herbes



Lundi 4 avril 2011, Paulilles
       
C'est un endroit un peu perdu. Un endroit où l'on vient se perdre aussi quand les estivants n'ont pas encore colonisé la côte.
Ici se trouvait une usine de fabrication d'explosifs, une poudrière. Les ouvriers habitaient sur place - un village usine dont l'isolement n'était pas dû au hasard...
Une partie du site a été aménagée, le parcours est balisé, mais il reste au-delà un univers un peu sauvage, un sentier qui longe la côte, une végétation qui pousse à la va-comme-je-te-pousse et qui clairement indique les saisons. 
C'est un endroit où je vais périodiquement. Il entretient une mélancolie naturelle dissimulée que ne parviennent pas à effacer ni le vent - et pourtant il souffle, ici nous sommes en vue du Cap Béar - ni le bruit de la mer.
Cette année-là je suis venu souvent marcher un peu dans les hautes herbes, sur le chemin chaotique qui suit la mer en bordure des vignes, faire chaque fois des photographies qui se ressemblaient, qui racontaient, dans le fond, une même histoire. La vie est quelquefois difficile et cette année-là le fut plus que toute autre...
   
Pour rappel, des photographies de l'Anse de Paulilles déjà publiées (il y en a probablement d'autres, ailleurs) :  
            

mercredi 13 avril 2016

Petit paysage en noir et blanc (67) / Le bruit du torrent



Mardi 19 avril 2011, Rec de la Rovira/Coll de les Portes

           
Pétale après pétale
Tombent les roses jaunes -
Le bruit du torrent.

Basho Matsuo (1644 - 1694)

dimanche 10 avril 2016

Un rêve sans conséquence spéciale (suite)


Mardi 15 septembre 2015, Neukölln Arcaden, Berlin
       
Dans un précédent billet (ceux qui m'aiment prendront... le train de ces histoires entremêlées et quelquefois sans queues ni têtes) et plus précisément celui du Jeudi 14 janvier 2016, "Un rêve sans conséquence spéciale" dans Funambulist 2.0, j'évoquais cet endroit qu'Álvaro Seudra González nous avait sommairement indiqué.
Dans ce billet, je m'arrêtais au rez-de-chaussée. Pourtant c'est bien la suite qui nous surprit, tant nous nous attendions si peu à ce que nous allions découvrir.
Un rez-de-chaussée donc et un premier étage de boutiques comme n'importe quel centre commercial, au-dessus trois étages de parking bagnoles et terminus de l'ascenseur. Sortie à l'air libre sur ce dernier étage normalement accessible. Pourtant en y regardant bien, là-bas une rampe de montée sans indications spéciales. 

Mardi 15 septembre 2015, Neukölln Arcaden, Berlin
       
Nous gravissons cette rampe, un peu circonspects... et alors nous débouchons sur die Dachterrasse. Au-dessus de nos têtes rien d'autre que der Himmel über Berlin.

 Mardi 15 septembre 2015, Neukölln Arcaden, Berlin
         
Il fait un temps exécrable mais nous sourions de notre découverte.
Cette terrasse n'est pas un simple endroit désert, une autre fois peut-être j'écrirais un autre billet... une petite suite.